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Toutes les fables de Jean de La Fontaine, 250 fables, recherches, Château-Thierry

Concluons que la Providence Sait ce qu'il nous faut, mieux que nous.

   

Jupiter eut jadis une ferme à donner

Mercure en fit l'annonce ; et gens se présentèrent,

Firent des offres, écoutèrent :

Ce ne fut pas sans bien tourner.

L'un alléguait que l'héritage

Etait frayant et rude, et l'autre un autre si.

Pendant qu'ils marchandaient ainsi,

Un d'eux, le plus hardi, mais non pas le plus sage,

Promit d'en rendre tant, pourvu que Jupiter

Le laissât disposer de l'air,

Lui donnât saison à sa guise,

Qu'il eût du chaud, du froid, du beau temps, de la bise,

Enfin du sec et du mouillé,

Aussitôt qu'il aurait bâillé.

Jupiter y consent. Contrat passé ; notre homme

Tranche du Roi des airs, pleut, vente et fait en somme

Un climat pour lui seul : ses plus proches voisins

Ne s'en sentaient non plus que les Américains.

Ce fut leur avantage ; ils eurent bonne année,

Pleine moisson, pleine vinée.

Monsieur le Receveur fut très mal partagé.

L'an suivant voilà tout changé.

Il ajuste d'une autre sorte

La température des Cieux.

Son champ ne s'en trouve pas mieux,

Celui de ses voisins fructifie et rapporte.

Que fait-il ? Il recourt au Monarque des Dieux :

Il confesse son imprudence.

Jupiter en usa comme un Maître fort doux.

Concluons que la Providence

Sait ce qu'il nous faut, mieux que nous.